3. 895 : le couvent en bas de la colline…
À un kilomètre à l’est du petit bourg fortifié d’Apsiac, passe l’ancienne route romaine qui traverse l’Alsace du nord au sud. À l’endroit où commence la plaine : un point d’eau (la nappe phréatique y affleure). Une légende dit que l’emplacement choisi est lié à un ancien culte celte auquel se livraient les Triboques (les ancêtres lointains des epfigeois). La forêt couvre alors une grande partie de l’Alsace. Il est fort probable qu’il a fallu défricher ici, et les moines sont les grands défricheurs de l’époque. Hersende et les sœurs font donc construire là un premier édifice, certainement en bois. Les bâtiments religieux d’alors l’étaient presque tous à l’exception des très grands monuments ; la pierre ne sera employée vraiment qu’à partir de l’an mil. Il n’y a pratiquement pas de traces archéologiques des églises et chapelles construites avant cette date: le bois n’est pas cher, abondant et facile d’usage mais brûle, se détériore et traverse difficilement les âges.
<- Les vieilles églises scandinaves peuvent nous donner une idée de l’architecture religieuse carolingienne.
Moines défricheurs ->
Les saintes reliques de Berthe, Gertrude et Déotile trouvent enfin un refuge bien mérité à l’intérieur de la chapelle du tout nouveau couvent où elles resteront exposées jusqu’en 1031.
Un siècle passe, le millénaire tant redouté, même s’il semble qu’on ait exagéré cette peur apocalyptique, est franchi. L’occident chrétien entame une progression fulgurante et se couvre autour de l’an 1000 d’un « blanc manteau d’églises ». Cette expression du chroniqueur médiéval Raoul Glaber (un moine bien sûr) décrit l’effort sans précédent de construction, cette fois-ci en pierre, d’édifices nouveaux ou qui remplacent les fragiles bâtisses existantes.
Vers 1025, suivant ce mouvement, la chapelle Ste-Marguerite actuelle sort de terre, en lieu et place du bâtiment en bois.