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7. 1250 – 1450, deux siècles noirs.

Cette période n’est pas documentée pour la chapelle. Pas d’ajout de construction visible. Pas encore d’écrit non plus qui nous éclairerait sur les évènements qui s’y sont déroulés. Il n’en reste pas moins que la fin de la dynastie des Hohenstauffen coïncide avec une série continue de tragédies qui ont marqué la terre alsacienne et donc les habitants du petit hameau de Ste Marguerite et de sa chapelle.
Pendant pratiquement toute cette période le trône du Saint Empire Romain Germanique est entre les mains de la dynastie des Habsbourg.

La Peste

Une première alerte en 1316 avec une épidémie de peste bubonique annonçait la terrible « mort noire » de 1349.

Le fléau venant de Suisse,  se propagea dans toute l’Alsace. La thérapie à base d’aromates, de vinaigre et de parfum fut évidemment totalement inefficace.

Le taux de mortalité fut tel qu’un nombre considérable de hameaux et de villages disparurent tout bonnement de la carte alsacienne. D’autant que deux récidives en 1358 et 1381 et qu’une série d’épidémies grippales en 1387 et 1417 fragilisèrent encore plus une population déjà affaiblie. Ajoutez à cela la baisse constante des prix agricoles qui ont dû peser très lourd aux paysans puisqu’ils voyaient leurs revenus fondre.
Il semblerait pourtant que le hameau de Ste-Marguerite ait résisté. Peut-être a-t-il été en partie épargné par le fléau puisque la chapelle est mentionnée en 1464 (première trace écrite) comme étant desservie par un chapelain. C’est donc que ses paroissiens ont réussi à surmonter ces catastrophes sanitaires à répétition.

Une autre des conséquences terribles de la peste fut le massacre des juifs dans toutes les localités alsaciennes. Éternels boucs émissaires, on les rendait responsables de l’épidémie en les accusant d’empoisonner les fontaines. Sans doute fut ce le cas malheureusement aussi à Epfig.

Les guerres féodales

Epfig et sa chapelle sont toujours terres épiscopales et à ce titre sont régulièrement pris dans les affrontements continus entre l’évêque et les grands seigneurs alsaciens. En 1375, le château d’Epfig, résidence épiscopale, est assiégée par… le Doyen des chanoines du Chapitre de la cathédrale de Strasbourg, Jean d’Ochsenstein. (Quand on parlait de charité chrétienne…). On ne connaît pas exactement la raison du conflit.
La chronique raconte que les murs du château n’ont pas résisté à l’assaut, mais que les troupes de l’évêque ont pu se réfugier dans le donjon. Jean d’Ochsenstein a quand même au passage massacré les habitants. On peut supposer que les riverains de la chapelle ont subi le même sort.

La cathédrale de Strasbourg, siège de l’évêque était gérée par un collège de chanoines (le Chapitre), tous de la noblesse, qui bénéficiaient de revenus fonciers et qui agissaient comme les seigneurs laïcs pour protéger leurs intérêts (souvent à l’encontre de l’évêque lui même).

<- La mort (horloge astronomique de la cathédrale)

Les invasions des Armagnacs

Comme si cela ne suffisait pas, la guerre de Cent Ans (1337-1453) qui opposa la France et l’Angleterre eut des conséquences aussi dans l’Empire germanique. En effet pendant les périodes de trêve (et elles furent nombreuses), les compagnies de mercenaires inemployés (on les appelle des routiers) traversèrent régulièrement la frontière (notamment par le col de Saverne) pour venir dévaster les villages alsaciens.

Ainsi en 1439 et 1444, les écorcheurs, l’autre nom des Armagnacs, pillent et brûlent les localités du Centre-Alsace. Epfig fait partie du lot. On ne sait pas s’ils ont touché à la chapelle. Mais la population alentour a certainement payé un prix terrible car ces épisodes ont marqué les mémoires pendant plusieurs siècles.

Le tremblement de terre de 1356

L’épicentre du séisme (un des plus puissants de l’histoire) se situe à Bâle en Suisse. La ville a été entièrement détruite et une grande partie des édifices et des châteaux dans un rayon de 100 kilomètres ont été gravement endommagés. Les épais murs de notre chapelle ont fait preuve de robustesse puisque rien n’indique une ruine même partielle du monument.
Et comme nous l’avons vu, elle a droit pour la première fois à une trace dans l’histoire en 1464, preuve qu’elle a surmonté ces deux siècles de misère sans trop de dommages. Ce n’est sans doute pas le cas des riverains. Mais au moins le hameau existait-il encore. Car on estime que près de 250 localités ont disparu pendant cette terrible période.